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comme les expéditions entreprises par Drake, de 1577 à 1580, en Amérique : il double le cap Horn, pille les côtes du Pacifique, puis, pour échapper aux flottes ennemies, fait voile vers l’ouest ; il rapporte en Angleterre un trésor d’au moins un million et demi de livres sterling, composé d’or, d’argent, de perles : somme énorme, si l’on considère surtout que l’expédition ne coûta que 5 000 l. et qu’elle ne comprenait que quatre petits bateaux, d’un tonnage total de 375 tonneaux, et montés par 160 hommes[1]. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, les corsaires anglais ne cessent de s’attaquer aux navires espagnols, aux ports et aux colonies de leurs ennemis ; la destruction de l’Invincible Armada, en 1588, accroît encore leur audace, et, en l’an 1600, les destinées maritimes de l’Angleterre se dessinent bien nettement.

Sans aucun doute, toutes ces expéditions maritimes contribuèrent puissamment à l’accumulation des capitaux chez les nations de l’Europe occidentale. Il est malheureusement impossible d’en déterminer numériquement la quantité, et l’indice le plus sérieux. que nous possédions, c’est la hausse des prix qui se manifeste dans tous ces pays. La conséquence, ce fut l’accroissement de leur puissance politique, et l’on s’explique que la France, l’Angleterre et la Hollande tiennent la première place en Europe, au XVIIe siècle.


8. Origine des sociétés par actions. — C’est aussi dans la seconde moitié du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle que l’on voit se former des institutions économiques nouvelles, comme les sociétés par actions. L’Angleterre, à cet égard, a montré le chemin.

Il est vrai qu’en Italie, dès le moyen âge, on aperçoit l’existence de societates, qui ont affecté deux formes :

  1. Voy. Dr Scott, Joint Stock Companies to 1720, t. I, 1911, p. 78 et suiv.