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pays du midi de l’Europe et même en France, aux époques de cherté. Elle est, pour le trafic français avec les pays du Nord, l’intermédiaire dont on ne peut se passer. Avec la France, l’Espagne, le Levant, son chiffre d’affaires est très considérable. Si la conquête du Brésil lui a échappé, elle a acquis, en Guyane, la colonie de Surinam, et la possession de l’île de Curaçao lui assure un poste nécessaire pour le commerce de contrebande en Amérique.

La supériorité de sa flotte, le trafic universel auquel elle se livre permettent à la Hollande d’avoir le fret le moins coûteux de l’époque. Puis, elle peut, avec ses propres ressources, établir un intense mouvement de circulation entre l’Extrême-Orient et tout le monde occidental ; il ne lui a manqué, que de s’implanter fortement en Amérique, pour défier, pendant longtemps, toute, concurrence. Ainsi s’explique l’étonnant succès de son commerce de commission, contre lequel Colbert a tenté de lutter, mais sans grand succès. Seules, les guerres de la fin du règne de Louis XIV commenceront à l’ébranler[1].


4. La Compagnie hollandaise des Indes Orientales et la Banque d’Amsterdam. — Cette grande puissance commerciale, jointe au stock monétaire qu’elle a accumulé, fait aussi de la Hollande la plus grande puissance financière de l’Europe. Il nous faut, à cet égard, considérer deux institutions fondamentales : la Compagnie des Indes Orientales et la Banque d’Amsterdam.

La première[2], fondée en 1602, avait reçu, pour

  1. Voy. Huet, Mémoires sur le commerce des Hollandais, 1718 ; Mémoire touchant le commerce et la navigation des Hollandais, 1699, publié par P. J. Blok ; H. Sée, L’activité commerciale de la Hollande à la fin du XVIIe siècle ; P. J. Blok, Geschichte der Niederlande (coll. Heeren et Ukert), t. V.
  2. Voy. le Mémoire touchant le négoce et la navigation des Hollandais, loc. cit. ; S. Van Brakel, De Hollandsche Handelscompagnieen der XVIIe eeuw ; Ehrenberg, Die Amsterdamer Aktienspekulation im 17 Jahrhundert (Iahrbücher für Nationalaekonomie und Statistik, 3e série, t. III).