Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/116

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Mlle Primerose était enchantée quand elle apercevait de sa fenêtre la petite cousine et son escorte. Elle courait vite au-devant d’eux et les questionnait avec une si grande habileté, qu’elle se trouvait bientôt au courant de tout ce qui s’était dit et fait dans le château de Plaisance. Rame avait des histoires sans fin à lui raconter, tant du passé que du présent ; elle était au courant de la vie de Geneviève, de ses parents, de M. Dormère, comme si elle ne les eût jamais quittés. L’intérêt qu’elle portait aux histoires de Rame lui valut son amitié ; elle avait l’air de beaucoup plaindre Geneviève et elle blâmait avec vivacité Georges et M. Dormère.

Malheureusement elle laissa voir à M. Dormère plus d’une fois le fond de sa pensée ; il ne manqua pas de croire que Geneviève avait porté ses plaintes à Mlle Primerose ; que ce pauvre Georges était accusé à tort et sans pouvoir se défendre, à cause de son éloignement ; il pensa que c’était bien mal à Geneviève de perdre ainsi le malheureux Georges dans l’esprit de ses amis ; il s’irritait de plus en plus contre elle et lui témoignait une froideur que Geneviève ne pouvait s’expliquer, car la pauvre enfant faisait tout son possible pour plaire à son oncle et ne laissait pas échapper une occasion de dire du bien de Georges.

Un mois se passa ainsi, sans que Geneviève pût obtenir de son oncle la permission de l’accompagner quand il allait voir son fils à Vaugirard. Un jour qu’elle le lui demandait pour le lendemain, qui était un mercredi, M. Dormère lui répondit :