Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/192

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Pour le coup, Rame ne put contenir sa joie ; il sauta, pirouetta, cria, chanta. Jamais on ne l’avait vu dans une joie pareille. Il courut chez Pélagie dans une si grande exaltation de bonheur, qu’elle le crut fou et qu’elle ne se rassura que lorsque Mlle Primerose et Geneviève lui eurent raconté ce qui s’était passé.

Rame, de son côté, annonça à toute la maison qu’il allait être grand chef tout rouge et or. Personne ne comprit ses explications entremêlées de bonds et de rires ; mais il fit un tel tapage et tout le monde autour de lui riait si fort et l’interrogeait d’une façon si bruyante que M. Dormère, qui se promenait dans les environs, vint voir ce qui se passait dans la cuisine. Quand on lui eut appris la cause de ce bruit, il se mit à rire lui-même de la figure que ferait le nègre en grand chef de sauvages, et il monta chez Mlle Primerose pour avoir l’explication plus complète de la grande joie de Rame.

La première chose qu’il vit en entrant, ce fut le portrait du nègre.

M. Dormère.

Qui est-ce qui a fait cela ?

Mademoiselle Primerose.

C’est moi, mon cousin, pour ne pas perdre l’habitude du pinceau.

M. Dormère.

Mais c’est très bien. C’est frappant ! — Et c’est une fort belle peinture. — Très belle, je vous assure. — Je ne connais pas d’amateurs qui eussent