Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/196

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que vous voudrez bien m’accorder la permission que j’aurais dû vous demander plus tôt.

M. Dormère.

Il faut bien que je l’accorde, à présent que toute la maison est instruite de votre générosité ; au reste, je ne suis pas encore décidé, je vous donnerai demain ma réponse définitive. »

M. Dormère sortit, laissant Geneviève consternée et Mlle Primerose interdite.

Mademoiselle Primerose.

Eh bien, voilà un fameux père Rabat-Joie ! Est-il mauvais, cet homme-là ! Il se plaît à te tourmenter, ma pauvre enfant. Je suis sûr qu’il ne te refusera pas ; il ne peut pas te refuser. Il sait que je ne lui laisserais ni paix ni relâche tant qu’il vivrait, et que tout le monde saurait dans le voisinage qu’il a refusé à sa nièce Mlle Dormère, qui a soixante mille livres de rente en belles et bonnes terres, une dépense de trois cents francs au plus, pour récompenser le dévouement, les soins affectueux d’un ancien et fidèle serviteur de ses parents, qui le lui avaient recommandé en mourant. D’ailleurs, ma chère enfant, si ton oncle avait l’indignité de te refuser cette satisfaction, je payerais l’habit rouge de ma bourse.

Geneviève.

Oh ! ma cousine, que vous êtes bonne ! mille fois trop bonne pour moi. Aussi je ne puis vous dire combien je suis reconnaissante des bontés que vous me témoignez. Jamais je n’oublierai tout ce que je vous dois. Quant à mon oncle, il a raison de