Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/200

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services dévoués de ce fidèle serviteur. Ce n’est pas un ridicule, c’est une élégance permise à un nègre. Ce n’est pas une inutilité, car il n’est jamais inutile de procurer un vif plaisir à un excellent serviteur qui ne demande jamais rien et qui se dévoue du matin au soir au service de ses maîtres. — Vous êtes son tuteur, mais vous ne devez pas être son tyran. Vous ne pouvez pas exiger qu’à chaque dépense faite par elle ou pour elle, elle vienne vous en demander la permission. Avec la fortune qu’elle a et dont elle n’use jamais, vous devez avoir moins de répugnance à lui passer de rares et innocentes fantaisies.

M. Dormère.

Ce qui veut dire que vous trouveriez un refus de ma part une tyrannie révoltante ?

Mademoiselle Primerose, très vivement.

Certainement, et plus que révoltante, coupable. Et sachez d’avance que si vous lui refusez cette dépense, elle sera faite tout de même, parce que ce sera moi qui la lui payerai. Et sachez bien aussi que tout le monde le saura, que je le raconterai à tous ceux qui vous connaissent ; que vous êtes déjà fortement blâmé de votre sévérité à l’égard de cette malheureuse enfant. Tout le pays la connaît, tout le monde l’aime ; elle est bonne, elle est pieuse, elle est douce, charitable, jolie, gracieuse, intelligente ; elle a toutes les qualités que le père le plus exigeant serait heureux de trouver dans sa fille ; vous seul restez froid, indifférent, aveugle devant tant de charmes. Si vous continuez ainsi,