Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/246

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Geneviève.

C’est dommage ! La musique est une bien agréable distraction. »

La soirée se passa ainsi sans ennui ; les jours suivants furent variés par quelques voisins que M. Dormère avait invités pour leur présenter sa nièce. Mme de Saint-Aimar fut la première à accourir avec Hélène et Louis ; les amis d’enfance se revirent avec joie ; Mme de Saint-Aimar fit mille compliments à M. Dormère et à son ancienne amie Cunégonde Primerose de la beauté, de la grâce, du charme de Geneviève.

Madame de Saint-Aimar.

En vérité, monsieur Dormère, vous devez être fier de votre nièce, et toi, Cunégonde, de ton élève, car c’est toi qui l’as élevée.

Mademoiselle Primerose, gaiement.

Oui, c’est bien moi, et moi seule. Sans moi mon cousin aurait eu une petite pensionnaire gauche, timide, ignorante ; car vous vous rappelez, mon cher, qu’elle ne savait rien que lire, un peu écrire et compter jusqu’à cent quand vous me l’avez donnée. Donnée est le mot, car il ne s’en est pas plus occupé que d’un vieux chien. Ah ! mais il n’y a pas à froncer les sourcils ! C’est comme je vous le dis. Osez nier que c’est moi qui l’ai débrouillée, que c’est moi qui ai inventé de m’établir à Auteuil, de la mettre demi-pensionnaire à l’Assomption, de lui donner de bons maîtres de musique, de dessin, de littérature, d’allemand, d’italien. C’est-il vrai cela, mon beau cousin ? Dites.