Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/274

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sauvez-le,… dites-lui que c’est… Non, non, ne dites pas… Ce serait lui qui mourrait… C’est un monstre, un infâme !… Et il ne dit rien,… il m’assassine et il ne parle pas… »

Pélagie, frappée de terreur, interrogeait du regard Mlle Primerose, qui pleurait et soutenait dans ses bras la malheureuse enfant.

Pélagie.

Mon Dieu ! mais qu’est-il donc arrivé, mademoiselle ? De qui parle ma pauvre enfant ? On a voulu l’assassiner ? Qui donc ? Serait-ce son méchant oncle ?

Mademoiselle Primerose.

Non, non ; pas l’assassiner ; mais il a perdu de l’argent, beaucoup d’argent, et il croit que c’est Rame qui le lui a volé, et il veut le livrer à la justice.

Pélagie.

Oh ! l’horreur ! Ce n’est pas possible ! Lui qui le connaît, comment croirait-il ?… Il est donc fou ?

Mademoiselle Primerose.

Je l’espère ; ce serait moins affreux que cette accusation insensée. — Voici Rame qui apporte de quoi la réchauffer ; elle est comme un glaçon. »

Rame remit les bouteilles à Pélagie ; un coup d’œil jeté sur Geneviève lui démontra qu’elle vivait, mais qu’elle était en proie à un violent chagrin, elle sanglotait à faire pitié même à un indifférent. Rame se jeta à genoux près du lit de sa jeune maîtresse.

Rame.

Petite Maîtresse ! chère petite Maîtresse !… vous