Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/284

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ment la malade ; elle recommença ses paroles entrecoupées. Celles qui revenaient le plus souvent étaient : « Malheureuse ! c’est ton Rame ! » Elles lui causaient toujours un redoublement de sanglots et de gémissements plaintifs. — Puis elle criait :

« Mon oncle !… Rame ! Rame en prison ! Chassez cet infâme !… Chassez-le, c’est un monstre ! Il ne parle pas… Il veut me tuer. »

M. Bourdon, surpris de ces paroles incohérentes mais significatives, questionna encore Pélagie, dont les réponses embarrassées lui prouvèrent qu’il y avait un mystère qu’elle ne voulait pas lui faire connaître. Il restait fort incertain, ne connaissant pas la cause précise du mal et ne sachant quel remède y apporter, lorsque Mlle Primerose vint à son secours. Elle avait entendu le bruit d’une voiture, elle avait reconnu la voix de Rame, et elle craignait que Geneviève ne fût plus mal. Apercevant le médecin, elle questionna Pélagie, qui lui raconta comment s’était passée la nuit et qu’elle avait jugé nécessaire d’avoir l’avis du médecin.

Mademoiselle Primerose.

Pensez-vous qu’il y ait du danger, Monsieur ?

M. Bourdon.

Je ne puis encore rien dire, Madame ; comme j’ignore ce qui a amené la maladie, je ne puis agir qu’avec la plus grande précaution et, comme on dit, en tâtonnant.

Mademoiselle Primerose.

Comment ? Pélagie ne vous a pas raconté ?…