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Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/366

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« Jacques, dit-elle, toi qui connais la bibliothèque, dessine-la, je t’en prie ; je ne peux pas. »

Jacques, ému lui-même de l’émotion de Geneviève, traça le plan d’une main mal assurée ; mais le notaire le comprit et pria Geneviève de continuer son récit, sans en rien omettre. Elle redit les paroles que Georges avait laissé échapper en parlant d’elle et continua jusqu’à la fin.

Le notaire.

Comment ne vous êtes-vous pas montrée quand il a manifesté le désir de s’emparer d’une partie de l’argent de son père ?

Geneviève.

Le peu de mots qu’il avait dits en parlant de moi m’avaient tellement révoltée, que je ne voulais pas subir devant lui la honte de les avoir entendus. L’idée ne me vint pas, jusqu’au dernier moment, qu’il aurait l’infamie de voler son père ; et quand je le vis compter dix billets de mille francs et les mettre dans sa poche, il était trop tard ; j’eus peur et je me suis sentie si tremblante, si prête à défaillir, que je ne pus ni parler, ni faire un mouvement. Ce ne fut que quelques minutes après son départ précipité que j’eus la force de m’approcher du fauteuil pour y tomber. »

Geneviève fondit en larmes ; Jacques se précipita vers elle et lui prit les mains, qu’il baisa affectueusement.

Le notaire.

Pauvre petite ! je comprends la terrible émotion que vous avez dû éprouver. Je vous remercie de