Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/404

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foi catholique et le point de mire de tous les voyageurs. Mlle Primerose et Geneviève allaient rarement dans le monde. Rome contenait alors peu d’étrangers ; presque tous avaient fui, dans la crainte d’un conflit sanglant et décisif entre les hordes révolutionnaires italiennes et les troupes du pape, peu nombreuses, mais animées d’une foi ardente et d’un amour profond qui en décuplaient la force.

L’hiver se passa sans combats sérieux ; quelques faits d’armes, toujours glorieux pour les braves troupes pontificales, ne furent que le prélude nécessaire des deux grandes batailles de Mentana et de Monte Rotondo, qui couvrirent d’une gloire immortelle ces jeunes soldats héroïques et fidèles, toujours un contre dix.

Jacques avait plus d’une fois dû quitter Rome pour prendre part à des escarmouches, où il se fit toujours remarquer par une bravoure et un entrain tout français.

Geneviève avait supporté ces séparations et ces inquiétudes avec le courage d’une femme chrétienne. Mais quand, à l’automne suivant, vint l’annonce d’une campagne et de batailles en règle, et la nécessité d’une séparation immédiate, sa douleur fut plus forte que sa volonté ; elle donna libre cours à ses larmes.

« Ma Geneviève, ma bien-aimée, lui dit Jacques au moment du départ, n’affaiblis pas mon courage par la pensée de ta douleur. Ne perdons pas notre confiance dans le Dieu tout-puissant qui m’a