Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/416

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Le lendemain, le chirurgien trouva les blessures en très bon état et certifia que dans quinze jours Jacques serait en pleine convalescence. La présence continuelle de sa bien-aimée Geneviève contribua beaucoup à hâter sa guérison. Au bout de quinze jours il lui fut permis de quitter son lit pour passer quelques heures dans un fauteuil. Dès qu’il avait pu parler, il avait demandé où était Rame.

Geneviève.

Notre pauvre Rame est blessé assez gravement, mon bien-aimé Jacques ; la balle qui t’était destinée a traversé la noble poitrine de notre ami avant d’arriver jusqu’à toi ; il t’a sauvé la vie en se jetant devant toi quand le bandit a fait feu ; ta blessure a été légère, la sienne a été grave ; il est à l’hôpital sous la garde de Mgr B… Un de tes camarades t’a vu tomber ; il avait vu le mouvement de Rame quand il s’est jeté devant toi en te prenant dans ses bras. Ton camarade a tué le bandit, mais trop tard pour prévenir le coup fatal. »

Jacques fut très ému en apprenant ce malheur. Quand il put recueillir ses souvenirs, il raconta que lui, Rame et trois de ses camarades se trouvèrent, à la fin du combat, enveloppés par une bande assez nombreuse de révolutionnaires.

« Nous nous battions en désespérés ; nous en tuâmes un grand nombre ; ma blessure au bras gauche ne m’en laissait plus qu’un pour me défendre ; Rame ne me quittait pas : il frappait, il tuait en faisant le moulinet avec son sabre ; le coup de