Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/43

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joignit à lui mais la bonne fut inflexible.

« Ma chère enfant, dit-elle à Geneviève, je manquerais à mon devoir, si je ne te justifiais pas aux yeux de ton oncle ; tu as perdu tes parents, il faut qu’il sache la vérité ; je n’ai que trop pardonné et trop attendu pour l’éclairer. Dans l’intérêt même de Georges et de son avenir, je dois l’informer de tout et je le ferai. »

Et, sans attendre de nouvelles supplications, elle sortit et descendit chez M. Dormère.

Pélagie entra résolument chez M. Dormère, qui écrivait. Il se retourna, parut surpris et contrarié en la voyant.

« Que me voulez-vous ? » lui dit-il d’un ton froid.

Pélagie.

Monsieur, je viens remplir un devoir très pénible et dont j’ai trop tardé à m’acquitter. Mais il s’agit de Georges et je ne doute pas que vous m’écoutiez jusqu’au bout.

M. Dormère.

Parlez, Pélagie ; je vous écoute. Vous savez la tendresse que j’ai pour Georges, et l’intérêt que je porte à tout ce qui le regarde.

Pélagie.

C’est pour cela, Monsieur, que je vous demande de vouloir bien écouter ce que j’ai à vous dire. »

Pélagie commença alors le récit de ce qui s’était passé le matin ; elle fit voir à M. Dormère la fausseté de la conduite de Georges, l’injustice de la punition de Geneviève ; elle lui expliqua l’aventure de la robe déchirée, lui fit remarquer la générosité