Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/58

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Après un quart d’heure de course, essoufflée, hors d’haleine, elle rejoignit enfin les enfants ; elle se précipita sur Georges, le serra dans ses bras en l’embrassant.

« Georges, mon pauvre Georges ! Est-il vrai que ton père veuille te mettre au collège ! Malheureux enfant ! mais c’est impossible ! T’arracher de la maison paternelle ! Te séparer de Geneviève, ta sœur d’adoption, ta meilleure amie ! Non, pauvre victime, je ne permettrai pas une pareille cruauté. Viens avec moi te jeter aux pieds de ton père et implorer sa pitié. »

Georges, surpris, presque effrayé de cette douleur qui lui paraissait ridicule, se débattait de toutes ses forces, mais il ne pouvait parvenir à se débarrasser des gros bras vigoureux de Mlle Primerose. Les autres enfants, même Geneviève, riaient tout bas et ne comprenaient pas l’indignation et la douleur de Mlle Primerose. Georges venait de leur exprimer sa satisfaction d’entrer au collège ; Louis et Hélène approuvaient beaucoup l’idée de M. Dormère ; Geneviève, tout en témoignant ses regrets de se séparer de son cousin, trouvait sa joie naturelle et ne comprenait pas plus que ses amis les exclamations désolées de Mlle Primerose.

Georges parvint enfin à se dégager à moitié.

« Lâchez-moi donc, ma cousine, criait-il ; vous m’étouffez ! »

Il donna une dernière saccade ; la secousse fit trébucher Mlle Primerose et fit tomber Georges sur l’herbe tout de son long. Il se releva, s’éloigna de