Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En finissant ces réflexions, Mlle Primerose entra au salon, où elle trouva M. Dormère causant tranquillement avec Mme de Saint-Aimar.

Mademoiselle Primerose.

Vous aviez raison, mon cousin, Georges a un courage héroïque, à moins que…

M. Dormère.

À moins que quoi, ma cousine ?

Mademoiselle Primerose.

À moins que…, mais non, je ne veux pas vous dire ce que je pense ; c’est inutile.

M. Dormère.

Si votre pensée est bonne, ma cousine, pourquoi ne voulez-vous pas m’en faire profiter ?

Mademoiselle Primerose.

Parce que… vous-même, vous n’avez peut-être pas… Non, décidément, j’aime mieux me taire… C’est plus sûr.

M. Dormère.

Comment, plus sûr ? C’est donc bien désagréable pour moi, que vous n’osez pas me le dire.

Mademoiselle Primerose.

Oh ! je n’ose pas,… c’est une manière de parler. Si je le voulais, je vous le dirais bien. Mais il y a certaines personnes auxquelles,… avec lesquelles… ; enfin… décidément je me tais…, et pour ne pas parler, je me sauve. »

Mlle Primerose fit une lourde pirouette et rentra dans sa chambre.

« Cet homme n’a pas plus de cœur qu’un tigre, pensa-t-elle ; il chasse son fils avec une insouciance,