Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/78

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M. Dormère souriait ; Georges lui disait de temps en temps une parole désagréable, comme : « Il est joliment bête, ton nègre ! » ou bien : « Ce que tu racontes n’est ni drôle ni amusant. — Tu ennuies papa avec tes sottes histoires. — Auras-tu bientôt fini avec ton noiraud ? »

Geneviève finit par s’apercevoir de la mauvaise humeur de Georges ; elle s’arrêta tout court et le regarda avec surprise.

Geneviève.

Qu’as-tu, Georges ? Tu as l’air fâché ! Est-ce que je t’ai dit quelque chose de désagréable ? Qu’est-ce que c’est ? Dis-moi, Georges ; dis, je t’en prie.

Georges.

Je te prie de me laisser tranquille ; tu m’ennuies depuis que nous sommes à table, avec ton vilain Rame. Je n’aime pas les nègres, moi, et surtout celui-là ; ainsi je te prie de ne plus m’en rabâcher les oreilles.

Geneviève devint rouge comme une cerise ; les larmes lui vinrent aux yeux ; elle se tut.

M. Dormère, sévèrement.

Georges, tu réponds grossièrement et sottement à ta cousine ; je te prie, à mon tour, de ne pas prendre ce ton avec elle.

Georges.

Bon, voilà que vous me grondez à cause de ce vilain nègre.

M. Dormère.

Taisez-vous, monsieur, ou sortez de table. »