Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/104

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Ce n’est pas la première fois que chose pareille m’arrive… L’autre jour, la bouteille de malaga presque pleine !… Et puis le vin, le sucre qui diminuent sans que je sache comment !… Est-ce que… ? Mais non… c’est impossible !… Elle n’est pas capable… Quel mal lui ai-je fait ? Au contraire, je l’aide tant que je peux ; je fais sans cesse son ouvrage… Ce serait bien mal !… Un pauvre garçon comme moi, orphelin, sans le sou ; chercher à me faire du tort !… C’est impossible ! C’est une méchante pensée qui m’est venue pour cette pauvre Mlle Sidonie ! … Tout de même, je ne me fie pas à ses conseils ; ils sont mauvais : si je l’écoutais, je me ferais aimer des camarades, c’est vrai, mais je ne serais pas tranquille. Je rougirais devant M. le curé, devant Madame… devant mes camarades aussi… car tous auraient le droit de m’appeler voleur !… Mon Dieu, moi qui ai tant promis à maman de rester honnête comme mon pauvre père, je manquerais à ma promesse ! je deviendrais un malhonnête, un trompeur, un… un… oui… un voleur ! c’est le mot. Mon Dieu ! protégez-moi ! Maman, mon père, priez pour votre pauvre Hilaire, resté seul dans le monde, abandonné de tous ! (Hilaire pleure et cache son visage dans ses mains.)