Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/259

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que d’esprit ; le bon Dieu m’envoie une terrible épreuve ; encore un châtiment du crime qui m’a fait passer cinq ans au bagne.

Le curé, inquiet.

Quoi donc ? Vous êtes, en effet, bien pâle, bien changé.

Valentin.

Monsieur le curé, mon compagnon de chaîne est venu mendier dans le bourg ; il m’a reconnu ; il s’est fait connaître à moi ; je lui ai donné tout l’argent que j’avais pour lui faire garder le silence, mais je crains qu’il ne revienne, qu’il ne me fasse connaître.

Le curé.

Soyez tranquille, mon cher Valentin. Le bon Dieu fait tout pour notre plus grand bien ; et quand même ce scélérat vous trahirait, je ne vous abandonnerais pas et je vous protégerais contre tous ceux qui vous attaqueraient. « À tout péché miséricorde. » Je tâcherai de leur faire comprendre.

Valentin.

Vous êtes bon, monsieur le curé ; merci ; du fond du cœur, merci.

Le curé, souriant.

Je suis le serviteur de Dieu, mon cher Valentin, et je cherche à faire dire de moi : « Tel maître, tel valet. » Prenez donc courage, et comptez sur la miséricorde du bon Dieu.