Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/267

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qui vous appelait Tristan et son compagnon de chaîne, et qui paraissait vous faire peur. J’ai vu qu’il vous a pris votre argent, que ce n’est pas vous qui le lui avez donné, mais que vous n’osiez le lui refuser. Et je suis bien fâché d’avoir dit quelque chose de cela aux autres, parce que je vois à présent que ça pourrait vous nuire. Je ne sais pas comment, par exemple ; mais je devine que ça vous contrarie. Ainsi, voilà-t-il pas M. Pupusse qui se figure que votre compagnon de chaîne, ça veut dire le camarade qui portait les chaînes pour attacher les condamnés. Je n’ai pas lu comme lui, moi, mais je sais bien que ce n’est pas ça et que ce serait plutôt…

Le curé.

Que veux-tu dire, Désiré ? Achève ta pensée, mon garçon ; n’aie pas peur.

Désiré, baissant la voix.

Que ce serait plutôt… la chaîne… du galérien.

(Valentin s’appuie sur son établi ; le curé lui dit à l’oreille en lui serrant la main

 : « Courage, mon ami, ne vous trahissez pas ! »)

Le curé, donnant une petite tape amicale sur la joue de Désiré.

Tu es un bon garçon, Désiré ; c’est très-bien à toi d’être reconnaissant et de ne pas vouloir faire de tort à un homme qui t’a fait du bien. Mais, rassure-toi ; Valentin est un brave et honnête ouvrier ! Je le connais à fond ! et je le garantis digne de notre estime et de notre confiance à tous.

Désiré.

Je suis content, monsieur le curé, que vous parliez comme ça de M. Valentin. Je pourrai le redire aux