Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/289

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conserve et je suis heureux d’expier par la honte le vol honteux que j’ai commis chez le bienfaiteur de ma première jeunesse.

Le curé.

Ce sentiment est beau et chrétien, mon cher Valentin ; mais comment vivrez-vous s’ils vous fuient tous, si vous n’avez pas d’ouvrage ?

Valentin.

J’espère en avoir, monsieur le curé ; j’espère vaincre leur répugnance avec votre aide et celle du brigadier, qui m’a promis de leur parler en ma faveur.

Le curé.

Je l’espère un peu aussi, mon ami ; mais ils sont bien montés contre vous.

Valentin.

Pas tous, monsieur le curé ; voyez le bon petit Désiré, qui demande à son père de rester chez moi comme apprenti. Le tout est d’avoir un peu d’argent pour attendre l’ouvrage.

Le curé.

Quant à ça, mon ami, ne vous tourmentez pas ; vous savez ce que vous a dit le brigadier ; et puis ma bourse, quoiqu’elle soit maigre, peut encore s’ouvrir pour vous, ayez bon courage ! Le bon Dieu n’abandonne pas les siens. Prenez des forces, et, quand elles seront revenues, l’ouvrage ne manquera pas.