Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/326

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Léonce.

Par moi, madame, parce que j’ai eu un petit accès de rage.

Madame de Ramière, avec terreur.

De rage ! Mais vous avez donc été mordu par un chien enragé ?

Léonce.

Oh ! il y a longtemps ! Par un petit chien à Gudule ; mais pas enragé du tout ; il m’a mordu à la main, et tout à l’heure j’y pensais ; je ne sais pourquoi j’ai cru le voir, et je me suis mis à crier… Non… à aboyer… je crois… Ils ont eu peur… Et je les vois encore ! Aïe ! aïe ! Il me poursuit, il veut me mordre ! (Léonce se jette par terre, saute, se roule, crie, aboie. Mme de Ramière, effrayée, s’échappe, ferme la porte à double tour. Léonce se relève en riant. Il fait quelques pas dans la chambre, s’arrête, et paraît inquiet.)


Scène VIII

Léonce, seul.


Je crains d’avoir fait une sottise ; ils vont tous me croire enragé… Et on ira prévenir papa et maman, qui auront une peur effroyable, et qui seront furieux quand ils verront que je ne suis pas enragé pour de bon… (Il se gratte l’oreille.) Je suis dans une mauvaise position… Comment faire pour en sortir ?… Nier, c’est impossible !… Avouer que j’ai menti, c’est impossible !… Ils me tueront dans le premier moment