Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/341

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papa et maman sont allés chez tes parents. Je les ai entendus le dire tout bas.

Léonce.

Chez papa ! Chez maman ! Mon Dieu, mon Dieu, je suis perdu ! Papa ne va pas me croire ; il me battra ! Il m’enfermera au pain et à l’eau ! Je serai malheureux, misérable, pendant un mois au moins.

Gudule.

Oh ! Léonce ! Léonce ! pourquoi as-tu inventé cette sotte histoire ? pourquoi as-tu fait mensonge sur mensonge !

Léonce.

Je ne sais ce qui m’a pris, ce qui m’a passé par la tête de faire l’enragé devant Mme de Ramière. Quand elle a été partie, j’ai compris la grosse sottise que j’avais faite.

Gudule.

Mais pourquoi l’as-tu aggravée en mentant encore, en inventant cette histoire impossible du médecin ?

Léonce.

Parce que c’était le seul moyen d’expliquer ma scène avec Mme de Ramière, ma fuite par la fenêtre en brisant les carreaux ; et puis ma guérison, car je ne pouvais pas continuer à faire l’enragé ; c’était trop fatiguant, trop difficile, et puis on aurait fait venir des médecins, qui m’auraient saigné, fait coucher, attaché dans mon lit, et je ne sais quoi encore.

Gudule.

Mon Dieu, mon Dieu ! dans quelle position tu t’es mis !… (Elle pleure ; Gertrude et Francine cherchent à la consoler.)