Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/356

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mi au lieu d’apprendre. Non ; ce livre est, dit-on, fort amusant ; papa a eu pitié de ma tristesse et me l’a donné pour me distraire.

Achille.

Eh bien ?

Léonce.

Eh bien ! mes amis, je ne sais pas ce que je lis ; je ne comprends rien ; je vois toujours Gudule se noyant au fond de ce puits et j’entends sans cesse ce cri terrible : « Léonce ! au secours ! c’est pour toi que je meurs ! » (Il pleure.) Oh ! mes chers, mes bons amis ! quel terrible souvenir ! Voir ma sœur, cette bonne Gudule, périr pour avoir voulu me sauver ! Savoir que c’est par suite de mes mensonges qu’elle a couru ce danger ! Et puis cet excellent M. de Ramière qui a, lui aussi, manqué de mourir pour la retirer de ce puits !

Hector.

Tu as raison, mais pense à la bonté de Dieu, qui t’a préservé du malheur que tu redoutais ! Gudule est sauvée !

Léonce.

Mais elle a été si malade ! Elle a tant souffert !

Hector.

C’est vrai ! mais je te répète qu’elle est sauvée ; elle commence à se lever, à manger.

Léonce.

Elle est si pâle et si maigre !

Hector.

Je le crois bien ! Deux saignées, quatre vésicatoires, trois semaines sans manger, sans quitter son lit ! Il y a de quoi devenir pâle comme un linge et maigre comme un squelette.