Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/368

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maman vous permettront, je n’en doute pas, d’accepter ce petit présent offert avec une vive et sincère affection.

M. de Ramière.

Certainement, mon ami ; mes filles peuvent tout accepter de votre bonne amitié. Quel charmant cadeau ! C’est, en vérité, trop riche et trop beau pour des petites filles. (Il prend la boîte et l’examine.) Charmant, charmant ! Quel travail ! quelle perfection de sculpture !… (Il l’ouvre.) Ah ! mon Dieu ! quel dommage !

M. de Pontisse.

Qu’est-ce donc ?

Madame de Ramière.

Des pièces tachées !

M. de Pontisse.

Tachées ! Comment ? par qui ? (Il s’approche vivement et prend les pièces.) C’est abominable ! Qui est-ce qui m’a joué ce méchant tour ? Si je le savais, je le tancerais vertement ! Sans doute quelque domestique curieux et maladroit ! Donnez, ma pauvre Gertrude : ce jeu n’est plus digne de vous être offert. (Gertrude lui remet la boîte et paraît embarrassée.) Qu’avez-vous donc, Gertrude ? Votre main tremble ! Vous êtes pâle ! Ne vous inquiétez pas de l’accident arrivé à votre jeu d’échecs. Je le remplacerai.

Gertrude.

Oh ! monsieur, vous êtes trop bon ! Je vous remercie beaucoup. Ce jeu est charmant tel qu’il est.

M. de Ramière, avec sévérité.

Comment le sais-tu ? Tu ne l’as pas vu. (Gertrude rougit, baisse la tête et ne répond pas.)