Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandant pardon ! Ni moi, ni Laurence, nous n’avons aucune colère, aucune rancune contre toi.

Léontine, l’embrassant.

Tu reste alors, tu restes ? dis ?

Laurence, vivement.

C’est Pierre qui doit décider. (Bas à Pierre.) Oh ! Pierre ! ne consens pas. Dis non.

Pierre.

Je dis maintenant comme je le disais il y a une heure : j’emmène mes sœurs ; elles resteront chez moi avec Noémi leur amie d’enfance, leur sœur, qui veillera à leur bonheur.

Léontine.

Si Noémi était ici, elle te dirait de céder à ma prière, de croire à mon repentir. Gizelle, ma pauvre Gizelle, tes tantes vont s’en aller, tu ne les verras plus.

Gizelle, se roulant par terre et criant.

Je ne veux pas ; je veux voir mes tantes, toujours et toujours ; je veux qu’elles viennent avec moi aux Tuileries, qu’elles jouent avec moi, qu’elles m’amusent. Et si elles ne veulent pas, elles sont des méchantes, des vilaines ! Et je déchirerai leurs livres, et je casserai leurs affaires, et je me plaindrai à papa, et il les fera enfermer comme tout à l’heure. Et elles pleureront ! Et je serai très contente !

Pierre, qui l’a écoutée les bras croisés et l’air moqueur.

Charmante enfant ! Excellent petit cœur ! Comme c’est tentant de vivre près de ce petit ange ! Comme elle corrige bien le passé ! Tu n’auras ni Blanche, ni Laurence, ma chère amie ; et tu ne pourras plus les faire pleurer ni les faire enfermer !