Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/108

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Madame d’Orvillet, avec agitation.

Je t’en prie, Albert. Si tu savais ! N’en parle à personne, je te le demande en grâce.

Le général, surpris.

Qu’est-ce qu’il y a donc ? Comme te voilà agitée ! Tu pleures, je crois ? » Mme d’Orvillet avait effectivement les yeux pleins de larmes ; elle raconta à son frère ce que la bonne avait appris de Germain.

Le général écouta l’histoire du chemineau avec la plus grande surprise et resta pensif quelques instants.

« Sais-tu, dit-il, que j’admire la délicatesse de ce pauvre homme et de ce bon Germain qui gardent le secret parce qu’ils sentent l’humiliation qui retomberait sur nous tous si cette histoire était connue. C’est beau, cela. Je comprends aussi la frayeur de Félicie et sa répugnance à se trouver face à face avec cet homme ; orgueilleuse comme elle est, elle se sent en sa puissance et elle est obligée de lui savoir gré de sa discrétion. D’après ce que tu viens de me confier, tu penses bien que je n’en ouvrirai plus la bouche. Aïe ! aïe ! continua M. d’Alban en se grattant l’oreille, comment me tirerai-je d’affaire avec les enfants ? »

Et il raconta à sa sœur comment il avait promis de leur rendre compte de ce qu’il saurait par le chemineau.

Madame d’Orvillet.

Rien de plus facile que de t’en tirer ; tu n’as qu’à dire que tu n’as rien appris par le chemineau.