que j’irai me mêler, avec ma femme et mes enfants, à tous ces manants, pour attendre qu’on veuille bien me servir après les rustres que le hasard aura placés avant nous ? Je dîne seul, en famille ou pas du tout, et j’emmène ma cuisinière. »
Le jeune Moutonet courut avertir son grand-père, qui parut fort contrarié, se gratta la tête, se leva de table après avoir fait ses excuses à Mme d’Orvillet, et alla consulter sa femme.
Tu te troubles pour un rien. Te voilà tout révolutionné pour une niaiserie. Je vais arranger tout cela. Va reprendre ta place ; mange tranquillement et ne t’occupe de rien.
Mais, ma bonne amie, mais…
Je te dis de me laisser faire ; tu n’entends rien à rien.
Pardon, ma bonne amie, mais…
Ah çà ! vas-tu te taire enfin ? Me prends-tu pour une imbécile à qui il faut mâcher les paroles ? »
Amanda s’était retournée quand sa grand-mère avait élevé la voix ; elle se leva précipitamment et courut à elle.
« Avez-vous besoin de moi, bonne maman ? Qu’a-t-il fait, bon papa ? Faut-il que je le remmène ?