Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/142

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comme on dit, saugrenue. Monsieur est-il militaire ?

Le général.

Certainement, depuis vingt-trois ans.

Le chemineau

Monsieur n’a-t-il pas été colonel au 40e de ligne, en Afrique ?

Le général.

Pendant dix ans, mon ami.

Le chemineau.

Monsieur est donc M. le comte d’Alban ?

Le général.

Tout juste, mon cher ; comment me connaissez-vous ?

Le chemineau.

Monsieur se souvient-il d’un colon qui a aidé, un jour, monsieur le comte à se débarrasser de trois Arabes qui l’avaient attaqué un peu rudement ?

Le général.

Si je m’en souviens ! Je me vois encore aux prises avec ces coquins qui me labouraient les côtes avec leurs sabres. Sans ce brave colon qui est venu à mon secours en se jetant sur eux comme un lion, et qui les a travaillés à son tour avec une serpe, j’étais un homme mort. Et vous étiez donc là ? Vous avez assisté au combat ?

Le chemineau.

C’était moi le colon, monsieur.

– Vous ? c’était vous ? s’écria le général en lui serrant les mains, au grand scandale des Castelsot et de Félicie, et aux acclamations de tous les assistants. Mon ami ! mon brave ami ! Mais vous êtes