Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/232

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pourquoi l’as-tu embrassé, si tu ne l’aimes pas ?

Félicie, rougissant.

Je l’ai fait sans y penser, parce que j’avais eu très peur. C’est une bêtise que j’ai faite.

Gertrude.

Oh non ! ma bonne Félicie, ce n’est pas une bêtise ; c’est un bon mouvement de ton cœur et tu as très bien fait de t’y laisser aller.

Félicie.

Tu ne trouves pas ridicule que j’aie embrassé un pauvre chemineau ?

Gertrude.

Bien au contraire ; tu lui dois trop pour ne pas le traiter avec amitié, et j’ai vu que tout le monde t’approuvait.

Félicie.

Tu crois qu’on ne se moquera pas de moi ?

Gertrude.

Se moquer de toi ? Dans un pareil moment ? Personne ne peut avoir un assez mauvais cœur pour rire d’une action belle et touchante. »

Félicie commençait à être ébranlée ; elle avait confiance en Gertrude et elle éprouvait même de l’amitié pour cette aimable cousine. Elles continuèrent leur conversation, qui fut interrompue par M. d’Alban.

Le général.

Ma petite Félicie, ta maman te demande ; elle t’attend dans ma chambre.

Félicie.

Viens-tu, Gertrude ?