Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/234

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rais tort de ne pas y croire. Aujourd’hui encore, il t’en a donné une bonne preuve. Ton oncle et moi, nous voulons lui en témoigner notre reconnaissance et nous avons pensé à le garder ici comme jardinier : seulement, comme je ne veux pas t’imposer une chose qui pourrait t’être pénible (tu sais pourquoi), je veux que tu me dises franchement si ce projet te plaît ou te déplaît. »

Félicie garda le silence et resta immobile et les yeux baissés.

Madame d’Orvillet.

Eh bien ! mon enfant, quelle est ton impression ?

Félicie.

Je ne sais pas, maman, je ne peux pas dire.

Madame d’Orvillet.

Comment ! Tu ne sais pas s’il te serait agréable ou désagréable de voir Diloy établi chez nous comme jardinier ?

Félicie, hésitant et très bas.

Si, maman, je sais que cela me serait très désagréable.

Madame d’Orvillet.

Je n’entends pas bien ; tu dis agréable, n’est-ce pas ?

Félicie.

Non, maman, très désagréable.

Madame d’Orvillet, tristement.

Alors, ma pauvre fille, la question est décidée. Je le regrette pour toi, qui te montres ingrate, et pour lui, qui eût été si heureux ; mais je ne t’en veux pas ; ton cœur n’est pas encore ce que j’es-