Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/250

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femme et ses enfants le suivirent en silence, et ils repartirent pour ne jamais revenir.

Mme de Saintluc, qui avait entendu arriver la voiture et la vit repartir, descendit au salon pour savoir quels étaient ces visiteurs si pressés qui repartaient au bout d’un quart d’heure ; elle trouva tout le monde consterné ; M. d’Alban seul riait en regardant filer l’élégante calèche et les laquais poudrés.

« Qu’est-il donc arrivé, monsieur d’Alban ? Quelle visite avez-vous reçue ? Excepté vous, tout le monde me semble pétrifié. »

M. d’Alban se mit à rire.

« C’est moi qui suis la tête de Méduse ; j’ai mis en fuite les habitants de Castelsot, et vous voyez l’effet que j’ai produit sur les nôtres. »

Le général lui raconta ce qui venait de se passer, et la mit au courant des antécédents de la famille Castelsot.

« Je les connais depuis ma jeunesse ; j’ai connu La Folotte au collège de Vaugirard ; il a quelques années de plus que moi. J’ai vu souvent chez lui ses gens d’affaires et leurs enfants, qui sont les Castelsot ; les parents avaient volé le vieux duc, les enfants continuèrent à plumer le fils, jusqu’à ce que la fortune eût passé presque tout entière dans les mains des Futé. Je viens de les mettre à la porte très poliment ; n’est-ce pas, Hélène ?

Madame D’orvillet, souriant.

Si tu appelles cela poliment, je ne suis pas de ton avis.