Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/274

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Juliette, Laurent et Anne se précipitèrent pour faire leur service ; Anne cassa une assiette, dans son empressement à servir sa mère ; Laurent en fit rouler deux, mais sans les casser. Juliette profita du désordre causé par ces accidents pour remplacer lestement toutes les assiettes sales. Quand les morceaux furent ramassés, Laurent et Anne n’eurent plus rien à faire qu’à se remettre à table et continuer leur repas. Il s’acheva assez tranquillement ; il n’y eut d’autres accidents qu’une bouteille de vin répandue sur la nappe, une salière renversée, et la chute d’Anne avec sa chaise ; mais, comme elle ne s’était fait aucun mal, tout le monde rit de son accident, et elle demanda à continuer son service en mangeant debout, pour être prête à donner ce que demandaient les convives.

« N’est-ce pas, maman, que nous servons très bien ? dit Anne en finissant son déjeuner.

Madame d’Orvillet.

Sauf les accidents, c’était très-bien, mon enfant.

Laurent.

Les accidents, ce n’était pas notre faute ; n’est-ce pas, mon oncle ?

Le général, gaiement.

Certainement non. Si les assiettes n’étaient pas rondes, elles ne rouleraient pas.

Juliette.

Et le vin répandu, mon oncle ?

Le général, souriant.

Si le vin n’avait pas été liquide, il ne se serait pas répandu.