Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/28

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que vous abattez, vous vous gardez bien de les donner, vous les vendez à maman.

Mère Germain, tristement.

Mon Dieu ! oui mam’selle ; il le faut bien. Je serais bien heureuse de vous les offrir, mais votre maman ne voudrait pas les accepter, parce qu’elle sait bien que nous faisons argent de tout, et que nous le faisons par nécessité. »

Laurent et Anne paraissaient mal à l’aise ; la bonne parlait bas à Félicie, qui la repoussait du coude. Le père Germain et son fils étaient descendus de l’arbre ; la joie avait disparu ; Félicie regardait les pauvres Germain de son air hautain : tout le monde se sentait gêné.

Enfin, la mère Germain prit un panier de cerises et en offrit à Félicie.

« Si mademoiselle voulait bien goûter de nos cerises. Elles sont bien mûres. »

Félicie en saisit une poignée sans remercier, et s’assit au pied d’un arbre pour les manger commodément.

« Et vous autres, dit-elle à Laurent et à Anne, vous n’en mangez pas ?

Laurent.

Nous en avons déjà mangé.

Félicie, d’un air moqueur.

Les avez-vous comptées ?

Laurent.

Non ; pourquoi les compter ?

Félicie, ricanant.

Pour savoir combien maman devra payer.