Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/292

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Gertrude s’assit dehors, à l’ombre d’un sapin, et se laissa aller à ses réflexions.

« Je suis désolée, pensa-t-elle ; je sens que je n’aime plus autant Félicie que les premiers jours de mon arrivée. Elle a des idées si opposées aux miennes ! Il faut toujours la ménager, la flatter même un peu ; et puis je crains qu’elle ne soit un peu jalouse de ce que mon oncle me dit d’aimable… Comme il est bon, mon oncle ! Je l’aime beaucoup. Il est si gai avec cela, si aimable !… Quel dommage que pauvre maman ne soit pas ici !… Comme c’est long un mois !… Mais que puis-je faire pour changer Félicie, pour diminuer son orgueil ? Par moments elle a l’air d’être corrigée, excellente, et puis, sans qu’on sache pourquoi, elle change, elle devient froide et hautaine. »

Gertrude réfléchissait depuis assez longtemps, lorsqu’elle entendit venir quelqu’un ; elle leva les yeux et vit venir son oncle qui venait s’asseoir près d’elle.

Gertrude.

C’est vous, mon cher oncle ? Je pensais à vous tout justement.

Le général.

Je viens me reposer un instant près de toi. Et que penses-tu, mon enfant ?

Gertrude.

Je pensais que si vous pouviez m’aider à corriger Félicie de son orgueil, j’en serais bien heureuse.

Le général.

Est-ce qu’elle a encore fait quelque sottise ? Dieu !