Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/73

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Laurent.

Mais non ; l’ours. Et le bonhomme avait du sang plein les jambes ; et je n’ai plus de mouchoir ; j’en voudrais un pour me moucher, parce que j’ai pleuré. Et Anne aussi, et maman aussi.

La bonne.

Tout le monde a donc pleuré ? Je ne comprends pas un mot de votre histoire. Vous avez rêvé tout cela, mes enfants.

Laurent.

Je te dis que non ; tu ris parce qu’un méchant ours a voulu nous manger ? C’est très vilain à toi.

La bonne.

Mon pauvre petit, si un ours avait voulu vous manger, j’en serais très effrayée ; mais il n’y a pas d’ours dans ce pays-ci.

Laurent.

Demande à maman : tu verras que c’est vrai. Donne-moi un mouchoir, mon nez coule.

Anne.

Et moi aussi, mon nez coule. »

La bonne leur donna à chacun un mouchoir ; elle ne riait plus ; elle commençait à comprendre qu’ils avaient couru un danger quelconque ; elle pensa que les enfants avaient pris un gros chien pour un ours, et continua à les interroger.

La bonne.

Voyons, mon petit Laurent, dis-moi d’abord où était cet ours.