Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/82

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Madame d’Orvillet.

Non, Valérie, je ne veux pas lui céder dans cette occasion ; son orgueil augmente avec l’âge, et surtout depuis que nous avons ces Castelsot pour voisins ; je veux le rompre quand il est temps encore.

La bonne.

Mais madame ne sait pas tout. J’ai appris hier une chose que je crois devoir faire connaître à madame, ce qui lui fera excuser la répugnance de Félicie à se retrouver en face de cet homme.

Madame d’Orvillet.

Quoi donc ? Qu’est-ce que c’est ?

La bonne.

C’est que l’histoire de la petite demoiselle battue est bien vraie ; seulement, il s’est trompé de château ; au lieu de la petite Castelsot, c’est Félicie qui a reçu la correction.

Madame d’Orvillet, stupéfaite.

Félicie ! Mais c’est impossible ! Elle ne sort jamais seule ! D’ailleurs, elle s’en serait plainte.

La bonne.

Son amour-propre l’aura empêchée d’en parler. Madame va voir ce qui est arrivé. »

La bonne raconta alors tout ce qui s’était passé chez les Germain et comment elle avait trouvé Félicie en larmes assise à l’entrée de l’avenue.

« J’ai cru d’abord qu’elle pleurait de contrariété de n’avoir pas été obéie quand elle a voulu nous forcer à partir de chez les Germain ; mais j’ai observé qu’elle souffrait en marchant, en remuant les bras ; le lendemain, en lui lavant le cou et les