Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/92

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soignée pour vous être permis de parler ainsi de Mme d’Orvillet devant sa fille ; et que, si vous recommencez, vous aurez affaire à moi.

Félicie.

Dieu ! mon oncle ! »

Clodoald s’était retourné ; il vit un grand bel homme d’une quarantaine d’années et d’apparence distinguée. Ne sachant à qui il avait affaire, il comprima sa colère et répondit avec fierté :

« Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes ; moi, je suis le jeune baron de Castelsot, et je ne veux pas qu’on me parle comme à un chemineau.

Le monsieur.

Allons, allons, petit, tais-toi et ne recommence pas. Tu veux savoir qui je suis, toi, baron (prétendu) de Castelsot (bien nommé). Je suis le général comte d’Alban, frère de Mme d’Orvillet, oncle de cette petite sotte de Félicie que voici. J’en ai rossé de plus forts et de plus sots peut-être que toi, mon garçon ; ainsi gare à toi. Ne recommence pas, je te le répète. Et toi, Félicie, je te défends de parler de ta mère comme tu viens de le faire ; tu sais que je ne mâche pas mes paroles, et je te dis que tu es une petite sotte, une orgueilleuse et vaniteuse. Où est ta mère ? »

Félicie, interdite, n’osa pas répliquer à son oncle ; elle répondit avec embarras :

« Elle est allée voir un pauvre, elle ne tardera pas à rentrer.

Le général.

C’est très bien. Je viens passer un mois avec