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histoire

Les chefs des deux partis opposés firent alors deux découvertes dont ils tirèrent également parti. Le duc d’Orléans trouva dans Saint-Denis un riche trésor que la reine y avait caché, et qu’il partagea avec ses hommes d’armes. D’un autre côté, on apporta au duc de Bourgogne une bulle oubliée dans le trésor des Chartes, et que, cinquante ans auparavant, le pape Urbain V avait publiée contre les compagnies de brigands, de Routiers, de Cotteraux et de Tard-Vénus. Le conseil et le parlement, entraînés et même dominés par le parti bourguignon, n’hésitèrent pas à faire l’application de cette bulle aux compagnies des Armagnacs et des Orléans. Ainsi les princes et leurs partisans, déjà proscrits par des arrêts, le furent de nouveau comme excommuniés.

On ne négligea rien pour tromper la crédulité, enflammer le fanatisme, et pour sanctifier les assassinats. Dans toutes les églises on sonna les cloches, on éteignit les cierges ; il fut défendu à toute personne de donner aux princes, aux ducs, aux nobles de la faction des Armagnacs, les noms et les titres qui leur appartenaient. La populace, ainsi encouragée à se livrer à des fureurs qu’on sanctionnait d’avance au nom du ciel, et regardant les Armagnacs comme les ennemis de Dieu, tomba sans pitié sur les prisonniers que les chances de la guerre lui avaient livrés, les arracha des prisons, les massacra, et traîna leurs corps à la voirie.

Par un concours fatal de circonstances, le duc d’Orléans éprouva, à la même époque, un échec considérable, qui acheva de persuader au peuple que ce prince était condamné par la justice divine. Le duc