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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/111

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campagne, vous m’avertirez, ma bonne dame ; j’ai dans l’idée qu’il a de l’amitié pour moi et qu’il n’aurait pas de répugnance à entrer à mon service.

Hélène.

Cela ne m’étonnerait pas, monsieur ; et si son frère Simon n’avait pas compté sur lui et ne lui avait par avance assuré une place, je me serais trouvée bien heureuse de le savoir chez vous et si près de moi.

— Maman Hélène, j’ai faim, dit la petite fille qui entrait.

Kersac.

Qu’est-ce donc que cette petite ? Jean ne m’en a pas parlé.

Hélène.

Il ne la connaît pour ainsi dire pas, monsieur. »

Hélène donna un morceau de pain à l’enfant, et raconta à Kersac sa rencontre avec la petite fille, la veille du départ de Jean.

« J’étais bien désolée, monsieur, quand je me suis vue cette petite fille sur les bras ; moi qui venais d’envoyer mon pauvre enfant, mon cher petit Jean, parce que nous n’avions plus de quoi vivre ; il ne demandait qu’à travailler, mais, dans nos pays, il n’y a guère d’ouvrage pour les enfants. Quand je rentrai chez moi après avoir quitté mon petit Jean et Jeannot, je priai bien le bon Dieu de venir à mon secours. La petite s’éveillait, elle demandait à manger ; je remis sur le feu le reste du lait de Jean ; il n’avait guère mangé, pauvre enfant, quoiqu’il eût l’air résolu et riant. Je voyais bien