Aller au contenu

Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pur ! Où ce que c’est ? Là-bas, sur le comptoir.

Jeannot.

Où ce que c’est, le comptoir ?

Pontois.

En face de toi, nigaud. Devant madame, qui est là, qui écrit. »

Tout le monde riait ; Jeannot, pas trop content, avance vers le comptoir, butte contre une caisse de pruneaux, et tombe avec le bocal de cornichons.

« Maladroit ! crie Pontois.

— Maladroit ! répète la dame du comptoir.

— Maladroit ! s’écrient les garçons épiciers.

— Malheureux ! s’écrie Simon.

— Pauvre Jeannot ! » s’écrie Jean en courant à lui.

Jeannot s’était relevé, irrité et confus. Il avait eu du bonheur, le bocal ne s’était brisé que du haut, la moitié des cornichons étaient par terre, mais les garçons se précipitèrent pour les ramasser, et il n’y en eut guère que le quart de perdu.

Pontois.

Dis donc, petit drôle, pour la première fois, passe ; mais une seconde fois, tu payes. J’ai promis à Simon que tu aurais dix francs par mois, nourri, vêtu, logé, blanchi. Prends garde que les dix francs ne filent à payer la casse. Qu’en dites-vous, Simon ? Mauvais début ! Ça promet de l’agrément.

Simon.

Non, non, Pontois ; c’est l’embarras, la timidité. Il ne fallait pas lui faire transporter un bocal pour