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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/139

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vous revoir, monsieur ! Et où logez-vous donc ?

L’étranger.

À l’hôtel Meurice, à deux pas d’ici.

Jean.

Tant mieux ! nous nous verrons souvent.

L’étranger.

Tous les matins je viendrai déjeuner ici. »

L’étranger avait fini son repas ; il paya, donna à Jean une pièce de vingt sous en guise de pourboire, donna à Simon son nom et son adresse : M. Abel, hôtel Meurice, et sortit.

Il se dirigea vers la rue de Rivoli, et marcha jusqu’à ce qu’il eût aperçu la boutique d’un épicier ; il y jeta un coup d’œil, reconnut Jeannot, continua son chemin, puis il revint sur ses pas, mit son chapeau en Colin, comme un Anglais, allongea sa figure, prit un air raide et compassé, marcha les pieds un peu en dedans, les genoux légèrement pliés, et entra chez l’épicier. Il resta immobile.

Pontois.

Monsieur veut quelque chose ?

M. Abel, avec un accent anglais très prononcé et très solennel.

Hôtel… Meurice ?

Pontois.

Hôtel Meurice, milord ? C’est ici près, milord ; suivez les arcades.

M. Abel, même accent.

Hôtel… Meurice ?

Pontois.

Ici, monsieur ! Là ! tout près d’ici. La douzième porte.