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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/169

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Jean, avec empressement.

Ici, entre les tables. Il n’y a personne.

Jean.

Mais, monsieur, on pourrait nous voir du dehors.

M. Abel.

Et quand on nous verrait ? Il n’est pas défendu de danser ; quel mal y a-t-il à danser ?

Jean.

Aucun, monsieur… certainement ;… mais ce sera tout de même un peu drôle de nous voir danser tous les deux.

M. Abem.

Bah ! je prends tout sur mon dos. Si on n’est pas content, c’est moi qui répondrai ; et, si on rit de nous, nous nous moquerons d’eux. Allons, commençons. »

M. Abel se leva, se plaça au milieu du café et se mit en position. Jean se mit en face et commença à sauter ou plutôt à ruer, en lançant ses pieds en avant, en arrière, à droite et à gauche.

« Commencez donc, monsieur. Sautez plus fort… Plus haut encore !… C’est bien ! Lancez le pied droit,… le pied gauche,… en avant,… en arrière,… Très bien. »

M. Abel, qui avait commencé en souriant et avec une gaucherie affectée, finit par rire et par s’animer de telle façon que les passants s’attroupèrent près des portes et fenêtres ; les croisées étaient obstruées par les têtes collées contre les vitres. Jean vit bientôt qu’il avait affaire à son maître en fait de danse ; M. Abel faisait des entrechats, des