Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/214

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avec un énorme bol de punch fumant et bouillant. Aucun des deux ne s’aperçut que M. Abel était près d’eux, caché par l’obscurité.

Jeannot.

Eh bien, Jean, combien coûte le punch ?

Jean.

Il y en a pour huit francs au lieu de douze, parce que c’est pour nous.

Jeannot.

Ainsi je te dois quatre francs, puisque tu en payes la moitié.

Jean.

Oui ; et je donnerai les quatre francs qui restent, mon pauvre Jeannot. »

Jeannot fouilla dans son gousset, en retira son argent, compta et remit quatre francs à Jean, oubliant de le remercier de sa générosité ; M. Abel, indigné et voulant punir Jeannot de sa tromperie et de son avidité, avança la main, la passa dans la poche de l’habit de Jeannot sans qu’il le sentît, occupé qu’il était par le punch, et en retira la pièce d’or qu’il l’avait vu remettre dans cette poche.

Puis, voyant Jeannot et Jean remonter avec leur punch, il sortit en disant :

« Je n’ai plus rien à faire ici ; j’ai vu la petite Aimée ; je lui ai fait de Simon un éloge qu’elle n’oubliera pas. J’ai recommencé avec la mère ; j’ai glissé au père que Simon avait déjà trois mille francs de placés… et ils le sont, ajouta-t-il en souriant, et en son nom… Cette petite est gen-