Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/243

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Kersac.

Parce que c’est le temps de la moisson, ma petite Marie, et que, dans ces moments-là, hommes et chevaux ont bien à faire.

Marie.

Mais vous, bon ami, vous ne travaillez pas ?

Kersac.

Tout comme les autres et plus que les autres ; pendant qu’ils se reposent, je vais voir de tous côtés si chacun est à son affaire, si l’ouvrage se fait comme il faut ; je suis le premier levé et le dernier couché.

Marie.

Mais c’est très fatigant, cela !

Kersac.

Sans doute, c’est fatigant ; mais, tant qu’on vit dans ce monde, il faut se fatiguer pour faire son devoir.

Marie.

Et si l’on ne veut pas se fatiguer ?

Kersac.

Si on ne veut pas se fatiguer, on est un lâche et un méchant, parce qu’on offense le bon Dieu ; on mécontente les hommes et on est puni dans ce monde et dans l’autre monde.

Marie.

Comment est-on puni ?

Kersac.

Dans ce monde, personne ne vous aime, ne vous estime et ne veut de vous ; on ne gagne plus rien et on devient misérable ; et, dans l’autre monde, le