Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/283

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entrer dans une chambre où était Roger, couché dans son lit ; son pauvre petit visage était pâle et amaigri ; ses mains et ses bras n’avaient que la peau et les os. Il avait de la peine à tourner sa tête sur son oreiller, tant il était affaibli par la souffrance.

Lorsqu’il les vit entrer, un sourire doux et aimable anima un instant ce visage souffrant.

« Mon cher monsieur Abel, dit-il d’une voix faible, que vous êtes bon de venir me voir !

Abel.

Comment te trouves-tu, mon enfant ?

Roger.

Je souffre beaucoup depuis hier ; mais ne me plaignez pas, je souffre pour le bon Dieu ; je lui offre tout, et il m’aide. »

Jean, étonné, attendri, avait les yeux pleins de larmes. Roger l’aperçut, le regarda attentivement.

Roger.

Qui est ce jeune homme ? il a l’air bon.

Abel.

C’est mon ami Jean dont je t’ai parlé, mon petit Roger ; il est en effet très bon.

Roger.

Est-ce qu’il aime le bon Dieu ?

Abel.

Beaucoup, mon ami ; sans cela il ne serait pas bon.

Roger.

C’est vrai… Jean, je voudrais vous voir de plus près. »