Aller au contenu

Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Barcuss.

Vas-y, Jean ; vas-y ; ma corbeille de fruits va crouler si je l’abandonne. »

Jean courut au salon et y trouva Mme de Grignan.

« C’est vous, Jean ? Je sonnais tout juste pour savoir si vous étiez arrivé ; mon pauvre Roger vous demande ; il désire beaucoup vous voir ; lui qui ne demande jamais rien et qui semble ne rien désirer, il a demandé qu’on vous envoyât chez lui aussitôt que vous seriez arrivé. Allez-y, mon ami !

— Oui, madame. Madame veut-elle me permettre de prévenir M. Barcuss ?

— Oui, Jean, allez ; c’est très bien à vous d’être déférent pour M. Barcuss. »

Jean revint un instant après et il entra dans la chambre de Roger.

Le bruit léger que fit la porte attira l’attention du petit malade. Il ouvrit les yeux ; un demi-sourire et une légère rougeur vinrent animer son visage. Il fit signe à Jean d’approcher et lui tendit la main. Jean la prit doucement, y appuya ses lèvres, et regarda le visage si souffrant, si contracté du pauvre enfant.

Roger examinait Jean de son côté ; il sourit légèrement.

« Tu as pitié de moi, Jean ? Tu ne veux pas croire que je ne suis pas malheureux… Je souffre, il est vrai ; je souffre beaucoup, mais le bon Jésus me donne de la force pour souffrir… Et toi qui es pieux, tu dois savoir que plus on souffre, plus on est heureux dans l’autre monde… Je mourrai