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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/310

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n’eut pas la force de la retenir, et il courut chercher Mme de Grignan, qui causait avec le médecin de la maladie et des souffrances de son enfant. Ils entrèrent et renvoyèrent Jean à Barcuss. M. Abel arriva peu de temps après. Jean profita de ce qu’il se trouvait seul avec M. Abel pour lui dire rapidement ses nouveaux motifs de reconnaissance ; il se mit à genoux devant lui pour donner un coup de brosse à ses bottes, et, dans cette position humble et reconnaissante, il lui dit des paroles de tendresse et de dévouement.

M. Abel.

Tais-toi, tais-toi, mon enfant. Tu sais que tu es convenu avec moi de ne me remercier que par les yeux. Si quelqu’un t’entendait, on pourrait croire que je suis réellement ton sauveur, ton bienfaiteur. Je veux être ton ami et ton protecteur, rien de plus. Voici Barcuss. Silence… Eh bien, Barcuss, où avez-vous logé mon petit Jean ?

Barcuss.

Monsieur, j’ai fait porter sa malle dans la chambre près de la mienne. »

Jean regarda M. Abel d’un air surpris en répétant : « Ma malle ? Ma malle ?

M. Abel.

Mais oui, ta malle, nigaud ! Où voulais-tu qu’on la mît, si ce n’est dans ta chambre ? C’est comme pour Simon ; quand il a déménagé, sa malle a été portée dans sa nouvelle chambre. Il en est de même pour toi. »

Tout cela fut dit d’un air significatif, avec un