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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/317

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Hélène.

Eh bien, monsieur, votre dépense ne sera pas grand’chose. Vous allez être nourri là-bas ! Quand on va à la noce, on mange et on boit pour huit jours !

— Et me loger donc ! Et vivre en attendant la noce ! Je ne vais pas arriver là pour tomber en défaillance comme un mendiant. Et mon présent de noce, donc ! Vous croyez que je laisserai marier un garçon qui est presque à vous, sans lui faire mon petit cadeau ? Non, Hélène ; Kersac est plus généreux que ça. Donnez-moi la clef et venez voir ce que j’emporte. »

Hélène le suivit en lui recommandant l’économie.

« Prenez garde de vous laisser trop aller à votre générosité, monsieur. Ces trois jours vont vous coûter plus cher que six mois ici chez vous.

Kersac, riant.

C’est bon, c’est bon ! Je sais ce que je fais. Je suis économe, vous le savez bien ; mais, dans l’occasion, je n’aime pas à être chiche.

Hélène, souriant.

Économe, économe, excepté quand il s’agit de donner, monsieur.

Kersac.

Ah mais ! quant à ça, Hélène, j’ai ma maxime, vous savez. Il faut que celui qui a, donne à celui qui n’a pas. »

Kersac se trouvait devant la caisse où étaient ses papiers et son argent. Et, au grand effroi d’Hélène, il en tira encore cinq cent francs.