Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/323

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Kersac se décida pourtant à poser un pied, puis l’autre, sur le beau tapis ; il montait lentement, avec respect pour la belle étoffe, regardait à chaque marche s’il ne l’avait pas salie avec ses bottes couvertes de poussière. Le concierge le fit entrer dans l’antichambre et alla prévenir Barcuss.

« Jean va être bien content, dit Barcuss ; je vais l’envoyer à M. Kersac ; il est ici à côté, dans l’office… Jean ! vite, viens voir ton ami M. Kersac, qui vient d’arriver.

Jean.

M. Kersac ! Quel bonheur ! Où est-il ? »

À peine avait-il dit ces mots, que la porte du vestibule s’ouvrit et que la tête de Kersac apparut.

« Monsieur Kersac ! Cher monsieur Kersac ! s’écria Jean en courant à lui.

— Jean ! mon brave garçon ! répondit Kersac en le serrant dans ses bras et en l’embrassant de tout son cœur.

— Cher monsieur Kersac, répéta Jean, que vous êtes bon d’être venu, de vous être dérangé, d’avoir quitté votre ferme ! Que je suis donc heureux de vous voir ! Donnez-moi des nouvelles de maman. Si vous saviez comme je suis content de la savoir chez vous ! Elle doit être si heureuse avec vous !

Kersac.

Je me flatte qu’elle n’est pas malheureuse, mon ami. Mais comme te voilà grandi… Et pas enlaidi, je puis dire en toute vérité… Beau garçon !… Sais-tu que tu es presque aussi grand que moi ? Tu as… quel âge donc ?