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Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/330

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engager à aller déjeuner. Jean, qui avait bon appétit, ne se le fit pas répéter ; il emmena Kersac pour le présenter au cuisinier et aux autres domestiques.

Kersac déjeuna une seconde fois comme s’il n’avait pas déjeuné une première. Puis, Jean lui proposa de venir voir sa chambre.

Kersac.

Sac à papier ! mon garçon, comme tu es logé ! Et tous ces effets sont à toi ?

Jean.

Tout, tout, monsieur. Regardez bien ! Voyez mes beaux habits, mon linge, ces excellents livres, tout ça m’a été donné par le meilleur des hommes, le plus charmant et en même temps le plus charitable ; vous devinez que c’est de M. Abel que je parle.

Kersac.

Ah oui ! ce brave monsieur que tu aimes tant ?

Jean.

Et que j’ai tant de raisons d’aimer ! Si vous saviez comme il a été et comme il est bon pour Simon et pour moi ! Et comme il me donne de bons conseils ! Et comme il a la bonté de m’aimer ! C’est ça qui me touche le plus. Que lui, grand artiste, riche, spirituel, si couru, si choyé, veuille bien aimer un pauvre domestique, un garçon comme moi !

Kersac.

J’aime ce M. Abel, et toi, je t’aime d’autant plus que tu l’aimes et que tu en parles avec tant d’amitié.